mardi 19 juin 2012

Dis moi comment tu dragues, je te dirai qui tu es

Les hommes et les femmes n'ont, en général, pas la même façon de considérer l'art de la drague ni sa finalité. C'est ce qui est écrit dans certains livres comme "Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus". C'est ce qu'on voit dans certaines séries comme Sex and the City ou Mad Men. C'est ce qui transparaît dans certains films. Comme "De rouille et d'os" d'Audiard que je suis allée voir ce week-end avec ma copine Anna. Je reconnais que la drague n'est pas le sujet principal de ce film. Mais on y voit pourtant clairement le héros concevoir le sexe comme quelque chose d'animal, une sorte de consommation de survie, tandis que le personnage joué par Marion Cotillard développe des sentiments et des attentes un peu plus précises. Toutes ces occasions d'observer les différences entre hommes et femmes m'ont donné envie de réfléchir, une nouvelle fois, à la façon dont débutent les relations aujourd'hui. Et de vous faire part de quelques "nouvelles pratiques" que j'ai découvert ces derniers mois.

Mon amie d'enfance Sophie m'a parlé de la micro-choppe. Une pratique qu'elle a découverte récemment lors d'une soirée dans un bar, quand un mec avec qui elle a discuté lui a expliqué sa façon de rencontrer des filles. La micro-choppe, c'est la technique des purs consommateurs de filles. Si votre mémoire ne vous fait pas défaut, c'est le même genre d'homme que Thierry Lhermitte dans "Les bronzés", qui pèse toutes les femmes qu'il ramène dans son lit et qui calcule le nombre de ses conquêtes au poids total qu'elles font. Un micro-choppeur se doit de rentabiliser sa soirée ou son week-end en cumulant les conquêtes féminines, et en trouvant sa satisfaction dans la vitesse d'enchaînement entre chacune. Dès qu'il y a eu contact physique, l'objectif est atteint et il peut passer à la prochaine proie. Être victime d'un micro-choppeur, ce n'est, à mon avis, pas la chose la plus dangereuse, car l'interaction est si brève (quelques heures, une nuit tout au plus) qu'elle ne laisse pas beaucoup de traces, sauf à l'ego bien sûr. A côté de cela, les manipulateurs mythomanes sont davantage à craindre!

Mais j'ai pu me rendre compte que les filles ne sont pas en restes concernant les pratiques consuméristes et individualistes de la drague. En effet, lors de la soirée annuelle de ma nouvelle agence, j'ai eu une discussion avec une de mes clientes : "Avec mes copines, on a inventé le système Target" m'a-t-elle dit, en re-remplissant nos coupes de champagne. Quand je lui ai demandé des précisions sur ce "système", elle m'a expliqué que, suite à de nombreuses déconvenues amoureuses, elles avaient décidé de ne plus s'attacher et de ne plus se lâcher avec les hommes. Du moins pas avant d'avoir testé chaque cible masculine et d'avoir jugé de sa fiabilité. "L'idée, c'est de sortir avec plusieurs hommes en même temps. Dans une même semaine, tu réponds favorablement aux demandes de rendez-vous de deux hommes, tu les testes au cours de la soirée, tu compares, tu arbitres. Et tu en choisis un seul au bout d'un moment." Devant mes yeux ébahis, ma cliente secoue la tête avec conviction, en souriant : "Si, si, je t'assure, c'est super! Avec le système "target", les hommes ne sont plus tes copains, ils sont des cibles. Ce n'est pas eux qui te choisissent, c'est toi qui décide et qui rend ton verdict".
Je dois être d'une naïveté absolue (comme certains de mes lecteurs me l'ont fait remarquer récemment) pour être hallucinée par ce genre de discours. Quand ma cliente a rajouté "Tu sais, tu devrais essayer. Je te promets que ça te ferait du bien, et ça changerait ta vision des choses.", je me suis posée la question : pourrais-je un jour être assez blasée des relations pour en arriver à un tel degré d'absence d'émotion? Serais-je capable de traiter les hommes avec qui je sors comme des produits dont on compare les avantages et les défauts? Pire encore, j'en suis venue à me demander : est-ce le visage de la drague du futur, qui va devenir bientôt inévitable dans notre vie de tous les jours? Une drague rationnelle, individualiste, aussi concurrentielle que le marché du textile chinois, qui aura bientôt complètement évincé l'époque où l'on savait faire confiance à l'autre, débuter les histoires sur de belles bases et ressentir des sentiments sans avoir peur que l'autre, en face, ne nous considère comme un placement financier à taux réduit.
Sans tomber dans le romantisme excessif ou le cabotinage galant, il serait quand même plaisant de pouvoir retrouver un peu de magie et de sensibilité dans nos expériences amoureuses, vous ne trouvez pas?

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