mercredi 4 avril 2012

Sexe, mensonges et "advertisement"

Comme je vous le disais dans mon précédent article, la fidélité est un sujet qui me tient particulièrement à coeur. Et cela peut notamment s'expliquer par cet épisode sentimental très douloureux qui a occupé l'année de mes 25 ans. Je vous préviens tout de suite : ce qui suit est un article-pavé, qui ne signifiera pas grand chose pour vous mais qui représente une étape de reconstruction nécessaire pour moi. Ce qui explique que je m'autorise à le publier, au détriment de votre temps et de votre patience ! 
Pour protéger son identité, j'utiliserai le pseudonyme Mister Draper pour désigner le protagoniste principal de cette histoire. Parce que l'homme dont je vais vous parler aujourd'hui était (et est toujours) créatif dans mon ancienne agence de pub. Et qu'il est aussi menteur et lâche que Don Draper, le héros de la série Mad Men.


Je l'ai donc rencontré quelques jours après avoir rompu avec Julien et Aurélien, en avril 2011. Il venait d'être embauché dans mon agence, et a été placé à quelques mètres de moi dans l'open space. Après plusieurs jours de jeux de regard et de timides "Salut" en se croisant dans les couloirs, nous avons fini par nous parler, puis à aller boire un verre après le boulot. Je lui ai rapidement demandé s'il était célibataire, ce à quoi il a répondu spontanément "Non, je suis en couple depuis deux ans environ, mais ça ne va plus du tout, elle a déménagé de notre appartement il y a six mois, et nous nous voyons très peu. Je ne sais pas pourquoi je reste encore avec elle". Fidèle à mes principes, je lui ai demandé ce qu'il fichait là avec moi, à 23h, à boire un verre un lundi soir, s'il était en couple, et je l'ai averti que je refusais d'entrer dans des histoires compliquées. J'ai abrégé la soirée, tirant déjà mentalement un trait sur lui. Ça aurait pu en rester là… Ça aurait dû en rester là.

Pourtant, quelques jours plus tard, au cours d'un pot agence à base de champagne à volonté et de petits fours, il s'est rapproché de moi, m'a confié qu'il avait largué sa copine la veille et qu'il était au clair avec lui-même maintenant. Puis il a rajouté, avec cet air romantique et enjôleur, dont j'allais vite tomber amoureuse, que je lui plaisais "à s'en taper la tête contre les murs". Je l'ai prévenu que je sortais d'une période sentimentale confuse et douloureuse, que je ne voulais plus perdre mon temps avec des histoires merdiques, que je voulais une relation vraie et belle. Il a acquiescé, a dit qu'il comprenait et qu'il voulait ça aussi. A 2 heures du matin, sur la terrasse désertée du cinquième étage de l'agence, à côté de cadavres de bouteilles de champagne et de vin, nous nous sommes embrassés. Et j'ai commencé mon ascension vers le monde merveilleux des gens fous d'amour pour quelqu'un d'autre.

Les quelques semaines que dura notre passion, je perdis toutes les protections que j'avais pu construire auparavant vis-à-vis de l'amour et de l'attachement. A posteriori, je me dis qu'il se peut aussi que j'en été peut-être totalement dépourvue, n'étant alors qu'une gamine naïve, sans un gramme de jugeote, et trop prompte à s'emballer pour un grand brun beau parleur. Peu importe. Pour moi, il était l'homme que j'avais toujours attendu.
A travers mon aveuglement pour lui, quelques détails dans son discours clochaient néanmoins. Pourquoi n'avais-je pas le droit de venir dans son appartement, ni même d'en connaître l'adresse? "C'est l'appartement que j'avais avec mon ex. Si tu venais, j'aurais l'impression de te tromper avec elle.
Pourquoi répondait-t-il à mes textos avec six heures ou plus de retard pendant le week-end? Sans parler des appels (j'avais fini par connaître par coeur son annonce de répondeur)? "Je ne suis pas très fan du téléphone, je ne réponds jamais aux textos qu'on m'envoie tant que je suis avec d'autres personnes. Et comme je vois souvent mes potes le week-end…
En parlant des week-ends, pourquoi le prochain qu'il avait de libre n'était pas avant mi-juin? "Les projets et engagements se sont accumulés au printemps, j'ai deux enterrements de vie de garçon, deux mariages, un week-end en famille. Et je ne peux pas t'emmener avec moi, même si j'en meurs d'envie, car ce sont tous des événements avec les amis que j'avais en commun avec mon ex…"
A ce stade, vous vous dites probablement que ça sent l'arnaque à plein nez et que seule une fille stupide le croirait. Soyez indulgents. J'avais moi aussi des doutes, mais ils étaient rapidement endormis par le flot de belles paroles qu'il me servait et que je buvais avidement : j'étais la plus belle fille qu'il ait vu, j'étais la quatrième relation sérieuse qu'il entamait dans sa vie, j'étais la femme de sa vie, j'étais la raison pour laquelle il voulait redevenir un homme neuf et changer sa coupe de cheveux, son appartement, ses vêtements, sa moto. Vous devez également vous dire "C'est pour le sexe qu'il la baratinait comme ça! Il voulait se la taper!". Encore une fois, c'est plus pervers que ça, puisque nous avons attendu plusieurs semaines avant de partager les plaisirs charnels, renforçant ma conviction qu'il était honnête et réellement amoureux de moi.

Un jour pourtant, il commença à devenir plus froid, plus prudent dans ses paroles, plus intransigeant dans les conditions qu'il mettait à notre relation. Puis il en décréta la fin, sous prétexte qu'il avait besoin de temps après sa rupture avec son ex pour se retrouver, reprendre sa vie en main, voir ses amis. Je me dis qu'il était honnête, tordu mais honnête, et qu'il voulait partir pour mieux me retrouver ensuite, dans quelques mois. A cause de nos places de travail proches dans l'agence, il m'était absolument impossible de l'oublier, de faire comme si rien ne s'était passé. Alors, malgré notre rupture, nous continuions à flirter, à nous parler tous les jours, à coucher ensemble par accident aux soirée de l'agence. Ce cercle vicieux aurait pu durer des mois. Si la justice naturelle n'avait pas décidé de reprendre le contrôle de la situation.
En week-end à Bruxelles chez un de mes ami, j'étais en train de l'attendre dans la rue la plus commerçante de la ville, en pleine période de soldes, appuyée à une vitrine de magasin. Et je repère dans la foule un mec qui a travaillé dans l'agence quelques mois auparavant. S'il ne m'avait pas vu, je ne l'aurais pas abordé et rien ne se serait passé. Mais il me voit, et vient me dire bonjour. Nous discutons de choses banales, puis on en vient accidentellement à parler de Mister Draper, avec qui il est ami depuis des années. 
"Je ne savais pas que vous vous connaissiez.
"Si, si, c'est grâce à moi qu'il a eu son poste à l'agence. Je l'ai vu il y a quelques semaines d'ailleurs. On a bu une bouteille de champagne avec sa copine".

SA COPINE... Mon monde s'effondre, et tout s'éclaire.
Dans les minutes qui suivent, j'apprends que Mister Draper, l'homme que je pensais être mon homme, celui à qui j'avais offert mon coeur, celui que je croyais honnête, j'apprends qu'il vit en couple depuis 7 ans dans un appartement en commun, partageant avec sa copine un chat, un compte en banque, sa moto, ses week-ends et tout un passé que j'ignore. Voilà comment, ce jour-là, mon coeur s'est brisé, et - encore plus grave que mon coeur - mes illusions de petite fille innocente sur l'amour, les hommes, la vie.  Et voilà pourquoi le sujet de la fidélité m'est cher. 
Parce qu'un manipulateur m'a fait entrer malgré moi dans une histoire d'amour triangulaire qui m'a complètement chavirée, ignorant les avertissements que je lui avais exposé dès notre première soirée sur mon refus de m'immiscer dans un couple. Parce que malgré les dizaines de fois où je lui avais demandé "Tu es sûr que tu ne vis plus avec ton ex? Tu es certain que c'est fini entre vous?", il osait nier et me servir ses mensonges, les yeux dans les yeux, inlassablement et sans aucun scrupule.

Un jour, peut-être, je vous raconterai ce qu'il s'est passé ensuite entre lui et moi, et jusqu'à quel point de déchéance mes sentiments pour lui m'ont poussé. Ce qui est sûr, c'est que cette histoire a continué d'avoir des conséquences sur ma vie sentimentale et en a peut-être encore. C'était il y a un an, le 7 avril dernier, et je n'oublierai jamais la douleur que j'ai ressenti, ni les leçons que j'en ai tiré.

4 commentaires:

  1. C'est fou de mentir à ce point! D'être mégalo comme ça... J'espère que tu as trouvé le courage à un moment, de renverser la situation...

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  2. Ça m'a pris du temps... 10 mois... Mais oui, j'ai renversé la situation il y a peu de temps. Enfin libérée!
    Merci pour le soutien les Myrtilles :)

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  3. Je n'ai lu que les premiers articles de votre blog jusqu'à celui-ci est voici ce que j'en pense :
    o votre façon d'écrire est plus que correcte
    o vous relatez assez bien les faits
    Cependant, je trouve ce post assez hypocrite. Il est en total adéquation avec celui intitulé "Fidèle jusqu'à la rupture". Dans votre précédent post, vous avez jugé bon de tromper votre compagnon (non seulement lui mais aussi la personne sous le pseudo d'Aurélien), vous lui avez certainement menti à maintes reprises. La rupture engagée par vous par la suite n'excuse pas votre infidélité. Hors dans cet article, vous vous retrouvez à la place du fameux Aurélien, et la conclusion de votre aventure est que vous remettez en question la vision que vous avez des hommes. Votre vision de l'humanité je le conçois, mais de la à se méfier de personnes qui n'ont été à un moment donné que le reflet de votre personne est assez injuste.
    Le fameux "Don Draper" avait peut être des raisons similaires, qui sais !

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  4. Cher Corbeau,
    Tout d'abord merci pour ce commentaire riche en questions et ouverture de débat. Et merci de lire avec tant d'attention mes articles!

    Pour répondre aux propos soulevés, je comprends votre point de vue. Je ne suis pas blanche comme neige. Et comme je l'ai dit dans d'autres articles, ma vision des choses évolue en permanence et ce qui est dit dans un article ancien peut être contredit plus tard suite à des expériences vécues et qui m'ont fait changé d'avis. Cependant, je ne crois pas qu'il soit juste de comparer l'histoire d'Aurélien et celle de Mister Draper.

    Dans le cas d'Aurélien, j'étais celle qui mentais, c'est tout à fait vrai, et je ne suis pas fière de moi. Mais je n'ai jamais fait croire à Aurélien que la relation pourrait aller plus loin, je me suis montrée froide et ne me suis pas emballée, ni dans mes gestes, ni dans mes promesses. Si bien que le jour où j'ai rompu, j'estimais l'avoir préparé et ne pas avoir été malhonnête.
    Dans le cas de Mister Draper, au contraire, c'est lui qui a usé de tout un argumentaire mensonger (je cite "Tu es la femme de ma vie", "Je vais changer d'appartement, de coupe de cheveux, d'habits, etc, pour toi", "Nous passerons le week-end de l'Ascension ensemble", "Donne moi quelques mois et je serai un homme nouveau", "J'ai largué ma copine hier soir, je suis célibataire, elle n'habite plus avec moi"... et j'en passe).

    Alors, ma conclusion est la suivante : tout le monde a menti, trompé quelqu'un dans sa vie, et je ne m'en cache pas. Mais ce que je ne supporte pas et qui continue de me faire halluciner (pas plus tard qu'il y a deux jours!), c'est la capacité de certaines personnes (hommes et femmes) à s'emballer, à promettre des choses, à faire miroiter des sentiments, des projets, un avenir ensemble, sans réaliser qu'ils ne le pensent pas, qu'ils font du mal à l'autre. C'est un manque totale de considération et d'empathie pour les personnes qui se trouvent en face. Toutes ces promesses ne les empêchent pas de rompre avec la personne en quelques heures, sur un coup de tête, et de ne pas se sentir fautif!
    Au final, qui pouvons-nous croire? Comment savoir qu'une personne ne va pas revenir sur ses mots à la même vitesse qu'il reporterait un article défectueux dans un magasin? La prochaine fois qu'un homme me dira ces choses-là, je ne le croirai pas et ça sera dommage de le mettre en doute si, par miracle, c'est un homme bien et honnête pour une fois.

    J'espère avoir répondu à votre commentaire, en tout cas avec la plus grande sincérité possible comme je le fais toujours. C'est avec plaisir que je lirai d'autres avis et objections de votre part concernant mes autres articles.

    Bien à vous

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