mardi 26 juin 2012

Nos ex : entre souvenirs, complicité, rancoeur et oubli

Rester en bons termes avec mes ex a toujours été un principe que j'affectionne. Contrairement aux personnes pour qui tout contact doit être coupé à partir de la rupture et qui réduisent à néant ce qu'ils ont passé des mois ou des années à construire, j'ai toujours essayé d'adopter une attitude plus noble et plus adulte à mes yeux. Je sais ce que vous êtes en train de vous dire à l'instant-même : "Si elle reste en contact avec ses ex, c'est uniquement pour les utiliser comme plan cul de secours de temps en temps, ou pour les maintenir à ses pieds et se sentir encore courtisée, même après la fin de la relation". En vérité, j'ai très rarement (voire jamais) remis le couvert avec les hommes avec qui j'ai vécu une histoire. Quand les sentiments amoureux que j'ai éprouvé pour quelqu'un se tarissent, c'est fini. Dans mon corps, dans ma tête, et dans mon désir physique. Mon seul but est de ne pas renier les choses qui se sont passées entre eux et moi, et d'essayer d'apprendre de nos erreurs pour mieux me comprendre et mieux gérer mes relations futures.


Récemment, j'ai passé un week-end entier sur la Côte d'Azur chez Rémi, un mec avec qui j'étais sortie pendant quelques mois à l'âge de vingt ans (à cet âge-là, tout était nouveau, les relations de quelques mois comptaient davantage dans ma tête que maintenant). Je le connaissais depuis le collège, ses parents habitaient le même village que les miens en province, et nous avons commencé une histoire ensemble juste avant mon départ en Erasmus à Amsterdam. Histoire à laquelle j'ai mis fin devant nos incompatibilités qui m'avaient fait cesser de l'aimer, mais aussi au moment où j'appris que mes parents se séparaient, moment très douloureux pour moi. Après avoir rompu, nous sommes restés en contact au fil des années et sommes finalement devenus amis. Ce que je trouve bien avec ce genre de relation, c'est de savoir qu'on peut dormir dans le même lit que son ex sans risquer de voir la situation déraper, car cela fait six ans que la relation a pris fin. C'est aussi la possibilité se montrer, soi-même, sous son vrai jour sans que cela ait de conséquences et sans se sentir juger. Passer des heures à parler des relations dans lesquelles nous sommes actuellement en essayant de nous conseiller l'un l'autre, Rémi avec son regard de mec indépendant mais sentimental, et moi avec mon regard de fille un peu névrosée, qui a souvent besoin d'être rassurée. Bref, se sentir "à la maison" avec quelqu'un en qui l'on a confiance, avec qui l'on a partagé une véritable intimité et de beaux souvenirs en commun, mais qui ne nous inspire plus rien que de l'amitié.

Pourtant, malgré mes idées assez arrêtées sur plein de choses, et notamment sur le côté sain et important de rester en bons termes avec ses ex, je me suis récemment interrogée sur le bien fondé de cette théorie et sur la réelle nécessité de ce genre de comportement. Finalement, revoir ses ex de façon amicale, n'est-ce pas une façon de prolonger la lente agonie des relations qu'on a eu avec eux? Au lieu de m'aider à grandir, à aller de l'avant, à me connaître moi-même, cette situation n'est-elle pas un poids inutile que j'accroche à mon pied, qui m'empêche d'avancer et qui me rappelle régulièrement les erreurs que j'ai pu faire?
Voir que la complicité que j'ai entretenu avec quelqu'un et que je croyais encore entretenir n'existe plus. Pire, me voir exaspérée par les défauts de l'autre, ceux à cause desquels j'avais mis fin à la relation et qu'il a conservé. Et sentir un petit goût d'amertume dans la bouche quand les relents de méfiance, d'angoisse et de colère qui caractérisaient la relation refont surface. Si boire un café amical avec son ex équivaut à se repasser le film de tout ce qui a contribué à la rupture, où est l'intérêt? A part me confirmer que j'ai bien fait d'arrêter cette relation-là, je ne vois pas trop… Et vu que je reviens rarement sur mes décisions, la confirmation apparaît inutile.
Une autre conséquence du fait de rester en relation avec un ex, c'est de réaliser, avec douleur, que la place qu'on pensait occuper dans sa vie n'est pas tout à fait celle qu'il nous accorde en pratique. Réaliser qu'en tant qu'ex-copine, on n'a plus droit aux mêmes exigences qu'avant, et qu'il serait malvenu d'oser contester le rang "d'amie qui compte" qu'on occupe à présent, c'est finalement assez douloureux.


Et puis parfois, certains ex deviennent des sortes de Triangles des Bermudes qu'on se force à éviter, de peur de se faire happer par la douleur et l'instabilité qu'ils ont provoqué en nous. En cherchant à se protéger, on reste le plus éloigné d'eux possible, dans tous les sens du terme. C'est ce que j'ai entrepris de faire depuis plusieurs mois avec Mister Draper. Ne plus aller errer dans le quartier où il habite, comme j'y ai occupé tous mes week-ends de l'année dernière. Ne plus parler de lui, ne plus parler à des gens qui lui parlent et le côtoient tous les jours. Et même, m'empêcher de revenir dans mon ancienne agence pour dire bonjour aux collègues ou garder le contact avec mon ancienne responsable ; simplement pour ne pas risquer de le croiser dans le couloir, de revoir sa tête. Et surtout pour ne pas m'approcher trop près de la zone géographique et des meubles qui ont constitué le théâtre de cette histoire.

Au final, rester en contact avec ses ex demande une force mentale que j'avais il y a encore quelques années mais que j'ai probablement perdu. En attendant de la retrouver, je me dis qu'il serait peut-être plus judicieux de la jouer profile bas. Pourtant, je crois avoir trop de respect pour la plupart des personnes avec qui j'ai essayé de construire une histoire pour couper définitivement les contacts.

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