lundi 16 avril 2012

Young adult along the way

Commencer une nouvelle histoire avec quelqu'un, c'est comme marcher sur un petit chemin fleuri et ensoleillé juste au bord d'un précipice : c'est à la fois grisant et effrayant, agréable et risqué. Et c'est exactement le chemin que j'emprunte en ce moment, depuis que j'ai rencontré Andersen (voir l'article Once upon a friday night in Paris). Ce n'est pas son vrai prénom évidemment, mais si je le surnomme ainsi, c'est en référence à l'écrivain danois Hans Christian Andersen. Car, je ne vous l'avais pas précisé, mais ce jeune homme que j'ai rencontré il y a quelques semaines part vivre au Danemark pendant toute la saison estivale pour raisons professionnelles. Trois mois d'absence, ce n'est pas grand chose, vous avez raison. Mais je pense que c'est assez inconfortable et risqué (encore ce mot!) quand deux personnes viennent de se rencontrer et n'ont eu droit qu'à quelques semaines pour se connaître.

Alors me voilà, comme en avril 2011, au commencement d'une histoire qui part sur des bases un peu incertaines et qui semble déjà avoir une deadline. Et je me dis, comme l'année dernière, que le printemps qui arrive va être à la fois grisant mais aussi source de pas mal d'insatisfactions a posteriori. Et je refuse catégoriquement de revivre la même chose qu'il y a un an et de refaire les mêmes erreurs!
Je suis face à un dilemme, un dilemme qui m'empêche de me détendre et de savourer cette relation sans me poser de questions. Je suis en colère, pas contre Andersen, mais contre Mister Draper qui a fait de moi une pendule complètement déréglée concernant les débuts de relations. Et je suis en colère contre moi, contre mon incapacité à me lâcher, à ne pas me poser de questions, à faire les bons choix pour une fois. Cela fait un an et demi que j'ai quitté mon ex avec qui j'étais en couple pendant plusieurs années. Et depuis, j'ai rencontré trois hommes qui partaient tous s'installer dans une ville loin de Paris dans les mois qui venaient, que ce soit Londres, Nice ou maintenant Copenhague. Pourquoi dois-je toujours rencontrer des hommes qui partent et qui ont déjà la tête tournée vers leur prochaine destination ? Pourquoi dois-je commencer des relations qui ne me permettront jamais de dire "C'est mon copain, on est ensemble, ça devient sérieux et on a des projets"? Au lieu de cela, je perds 6 mois par-ci, 8 mois par-là à construire des bases de relations sans qu'il n'y ait jamais aucun aboutissement positif. Voyons le verre à moitié plein : dans le cas présent, je joue moins gros vu qu'il sera parti dans moins de deux mois!

Samedi soir, alors que j'avais rejoins Andersen chez lui pour la nuit et que j'étais collée contre son corps dans le lit, j'ai essayé d'aborder le sujet. De le prévenir que j'étais un peu à bout de forces émotionnelles à cause de toutes les relations désastreuses que j'avais vécu ces dernières années. Et d'essayer de savoir à quelle sauce il comptait me manger. Et sa réponse a eu pour effet de me contracter le ventre et de me faire redescendre de mon petit nuage :
"Pour l'instant, je ne peux rien te promettre concernant mon séjour au Danemark. Si ça se trouve, dans un mois et demi, ça me rendra triste de partir parce que tu seras là dans ma vie, mais à voir…".
Au moins, je ne peux pas lui reprocher un manque d'honnêteté. Sa réponse est emprunte de sincérité, mais peut-être aurait-elle eu besoin d'un peu plus de tact et de chaleur?… Quoiqu'il en soit, elle a été prononcée. Et elle déclenche automatiquement la réaction dont j'ai pris l'habitude : le mécanisme d'auto-protection, par lequel mon coeur et ma tête commencent à se durcir, un peu comme la lave qui sèche d'abord en surface. Voilà, ça c'est ma façon de me protéger des déceptions, des trahisons, des retournements de situation douloureux. C'est ce que j'ai fait avec les trois relations précédentes, me blinder progressivement jusqu'à ne plus rien ressentir, et c'est ce qui m'a conduite à rompre à chaque fois. Et j'en ai un peu marre de revivre la même chose à chaque fois.

Le lendemain matin, en rentrant chez moi, et en survolant les toits du 18e arrondissement depuis la ligne 2 du métro, avec Goodbye d'Archive dans les oreilles, je réfléchis à tout ça. Finalement, est-ce que ce n'est pas ma façon de faire qui cloche? Je voudrais tout, tout de suite, les sentiments, l'attachement, les promesses, et je panique et me sens bernée quand tout cela n'arrive pas rapidement. Certes, les trois précédents hommes avec qui j'ai été m'en ont faire voir de toutes les couleurs : l'un m'a menti pendant des mois, l'autre oscillait sans cesse entre une relation de couple normale et un détachement absolu, le dernier voulait juste un plan cul sans attaches et sans implication. Alors, pas étonnant que je commence à douter de l'autre à la moindre difficulté.
Mais aujourd'hui, j'ai devant moi un mec cool, qui ne se prend pas la tête, qui est déjà tendre et attentionné avec moi, dont je sais (par ma copine Clarisse qui m'a fait le rencontrer) que c'est un type bien. Et je n'arrive pas à m'empêcher de me recroqueviller dans ma coquille à la seconde où il émet des paroles finalement assez sensées pour un début de relation. J'écris un texto à Ambre, la troisième roue du trio avec Clarisse, et je lui raconte mes doutes en quelques lignes. Sa réponse confirme ce que je pensais : je me prends beaucoup trop la tête et je dramatise une situation qui ne le mérite pas. Pour Ambre, la réponse d'Andersen est tout à fait normale, et prouve au moins qu'il n'est pas un beau parleur qui promet la lune au bout de deux semaines de relation. Il est honnête et terre-à-terre. Et je dois juste être patiente et laisser le cours de l'histoire se dérouler avant d'éprouver de la déception ou des regrets.

A l'image de l'héroïne du film Young Adult de Jason Reitman, que je suis allée voir la veille à l'UGC des Champs-Elysées, je me sens tellement pathétique et puérile face aux mini-drames que je crée dans ma tête à chaque nouvelle relation. J'aimerais grandir un peu, devenir plus forte et surtout plus mesurée dans mes attentes. J'aimerais arrêter de me gâcher la vie et profiter pleinement de la magie d'un début d'histoire, sans me soucier de savoir si elle durera longtemps ou pas.
A l'heure où la moitié de Paris est partie écouter les discours des candidats à l'élection présidentielle éminente, sur la place de la Concorde ou devant le château de Vincennes, je prends mon ordinateur et j'écris cet article. En me promettant d'arrêter mes enfantillages, et de tout faire pour ne pas foirer ce début d'histoire-là.

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